lundi 19 octobre 2009

Gabrielle Chanel.



Gabrielle Chanel, plus connue sous le nom de Coco Chanel ou Mademoiselle, est la plus influente des couturières du XXe siècle, conformiste , mâtinée de classicisme. Créatrice du tailleur pour femmes, elle porte des vêtements pour hommes, des cheveux courts et une peau bronzé . En 1916, Elle révolutionne l’industrie de la mode en imposant une nouvelle mode décalée à la poursuite de la modernité et du confort pour les femmes du XXe siècle .

Née en France à Saumur , le 19 août 1883, fille d’Albert Chanel et Jeanne Devolle, une simple couturière. C’est suite au décès de sa mère que Gabrielle Chanel alors âgée de 12 ans, est placée à l’orphelinat de Brive en compagnie de sa sœur Julia. Elle se souviendra de l’orphelinat comme un lieu de solitude où elle apprend la force de l’imagination et de la volonté, période difficile de sa vie que l’on retrouve plus tard dans ses célèbres collections marqués par les colles blancs et la couleur bleu marine rappelant l’univers strict et militaire de l’orphelinat .
A l’âge de dix-huit ans , Gabrielle est confiée aux dames chanoinesse de Moulins, qui lui apprennent le métier de couseuse. Elle y retrouve sa cousine Adrienne, qui avait le même âge et, surtout la même ambition de s’en sortir. En 1903, habile a manier le fil et l’aiguille, elles sont placées en qualité de couseuses dans une maison spécialisée en trousseaux et layettes.
En 1908, Gabrielle , très courtisée, ne souhaite pas partager le sort anonyme des cousettes et prends des risques . En quête d’un avenir meilleur , Gabrielle se lance sur la scène d’un café où elle fera ses premières apparitions devant des officiers du 10e régiment de chasseurs à cheval qui la surnommeront « Coco », dut à sa chanson fétiche «  Qui a vu Coco dans l’Trocadéro ? ». Ce surnom ne la quittera plus.
Très admirée par la gente masculine, elle séduit Etienne Balsan , son premier homme, son amant et son ami pour toujours . C’est un riche gentleman qui vient de rendre ses galons d’officier pour se consacrer à l’élevage et aux courses, il lui fera découvrir la vie dans son château, Royal lieu . Pendant un an elle apprend les bonnes manières de la haute société mais se lasse rapidement , corsés et grandes dentelles ne sont déjà pas de son genre. Elle crée ses propres robes cousues et fabrique des petits chapeaux singuliers pour assister aux courses, on la remarque et la juge avec son style d’écolière austère parmi ses dames au tenue qui flattent leurs avantages et leur fortune.
Deux ans après , les fréquentations de Balsan lui font croisée le chemin de son premier amour, Arthur Capel, surnommé « Boy ».
Boy est un anglais au passé mystérieux, fils naturel du banquier Pereire dont elle sera l'inavouable compagne pendant neuf ans. Homme de cheval, il a une écurie de polo et d'affaires, il a fait sa fortune dans les frets charbonniers. Capel aime cette rebelle qui se révèle plus «fauve» que «moineau abandonné». Mais c'est une jeune veuve anglaise sans autre intérêt que d'être fille de baron qu'il épouse. Un mauvais virage sur une route du Midi à la veille de Noël 1919, alors qu'il rejoint sa régulière qui attend un second enfant de lui, et Boy sort de la vie au volant d'une automobile trop rapide. «Je perdais tout en perdant Capel», dira Chanel cinquante ans plus tard. Tout et plus encore. Car c'est Boy qui prend au sérieux ses velléités de travail, dont Balsan pensait qu'elles n'étaient qu'une toquade. C'est lui qui finance l'ouverture de sa première boutique de modiste, Chanel Modes, au 21 de cette rue Cambon qui deviendra à jamais son fief. Repliée sur Deauville pour cause de guerre, c'est en 1914 que Coco, avec Capel à ses côtés, fera ses premières gammes de couturière en habillant les belles élégantes réfugiées dans leurs maisons normandes.
En ce temps, Gabrielle taille des robes de sport dans le jersey, qu'elle porte elle même depuis deja bien longtemps. Libérant le corps, abandonnant la taille, Chanel annonce cette silhouette neuve qui lui vaudra sa réputation. Elle se trouve bientôt à la tête d'un empire forgé à la force de ses poignets, qui ont la «fragilité de l'acier». Trois ans plus tard, mademoiselle Chanel, qui emploie plus de 300 ouvrières, rembourse enfin Boy et d'un coup de ciseaux libérateur devient la «première femme aux cheveux courts» montrant son indépendance et refusant à jamais le statut de femme entretenue.

Tout est en place pour un avenir qui s'annonce brillant mais, encore une fois, solitaire. Coco Chanel, en deuil de son amour, recontre la belle Polonaise, Mia Sert, qui lui ouvre les portes de la mondanité et l'introduit dans ce cercle privé, au contact desquels jamais elle ne perdra sa lucidité.

De 1920 à 1939, Chanel a lancé Nº 5, son premier parfum et règne sur Paris. Au retour d'un voyage en Italie avec Misia, elle s'installe au Ritz et elle reprend sa vie de dictateur avec succès et solitude. Elle se perd dans le travail. Et elle invente le costume de sport, les faux bijoux qu'elle fait dessiner par François Hugo, le sac en bandoulière parce qu'elle se lasse d'égarer le sien, et les sandales à semelle de liège qu'elle s'est fabriquées pour marcher sur le sable brûlant de la plage du Lido, à Venise. D'un coup de ses ciseaux fétiches, qu'elle porte toujours autour du cou retenus par un bolduc blanc, elle démode les couturiers, tue l'excentricité et donne aux femmes l'allure de leur liberté.

La proximité de Chanel avec les artistes a toujours été à l'honneur . En 1924, elle réalise les costumes de certaines pièces de Cocteau .
Grabrielle n'est plus seule, elle partage sa vie avec un grand homme , le grand-duc-Dimitri. Ors, broderies et zibelines de Sibérie entrent dans ses ateliers , c'est l'époque des ballets russes et Coco s'en inspire pour ses collections.

Un autre seigneur, le duc de Westminster, rencontré à Monte-Carlo, va entrer dans sa vie alors que son propre empire grandi et que sa réputation n'est plus à faire. Cet homme possède une immense fortune, mais il est la simplicité même. «Simple comme un clochard», dira Chanel, pour qui son amant devient le symbole absolu de l'élégance. Des landes d'Ecosse où le duc chasse les grouses au pont de ses yatchs, de l'Irlande aux Carpates en passant par Heaton Hall, son château, pendant six ans celui qui a trop de maisons pour toutes les connaître sera à ses côtés. Mais, c'est inscrit dans le destin de l'éternelle fiancée, Gabrielle Chanel ne deviendra pas anglaise. Benny est charmant, pourtant elle s'ennuie. Elle exige qu'il se marie. Elle Gardera seulement de lui, ce goût des vestes de tweed usé.

Gabrielle Chanel, qui a rayé très tôt de sa vie ce qui lui restait de famille de sang au profit de celle du cœur, préfère les doutes des artistes, ses seuls vrais amis, aux fastes princiers: Cocteau, Picasso, Darius Milhaud, Serge Lifar, Diaghilev , Stravinsky, dont elle finance sans le faire savoir Le Sacre du printemps, seront ses remparts contre les chimères de la mondanité.

Des années moins belles s'annoncent pour Chanel, tout commence par la grève de ses ouvrières, les premiers congés payés et l'arrivée d'Elsa Schiaparelli. Cette couturière d'origine italienne, amie des surréalistes, a ouvert sa maison en 1934. Chanel vacille mais se bat pour récupérer sa couronne. L'actualité ne lui en laissera pas le temps.

En 1939, peu après la déclaration de guerre, elle licencie tout son personnel et ferme la rue Cambon. Retour au Ritz, où la reine s'enferme. Pas tout à fait seule. Elle a une longue liaison avec un officier allemand qui aime les jolies femmes. Et la vie facile. Il ne facilitera pas celle de Chanel. A la Libération, elle est arrêtée. Puis relâchée quelques heures plus tard.
Exilée en Suisse, rageuse mais fière, c'est d'un palace de Saint-Moritz qu'elle voit venir ce «new-look» qui donne aux femmes les poses minaudantes, souvenirs d'avant avant-guerre, contre lesquelles elle s'est tant rebellée. Tailles étranglées, jupes trop longues, Christian Dior, maître du jour, entrave à nouveau les femmes, allant à contre-courant des convictions de la Grande Mademoiselle. Il lui faudra quelques années encore pour se remettre de ce coup du destin sur son propre terrain.

En 1953, à 70 ans, Chanel prépare son retour et réintègre la rue Cambon. Après un premier essai, une collection ratée lui valant les critiques de la presse toutefois défendu par le journal Elle et reconnu par les acheteurs américains, son style retrouve les faveurs des femmes. Ses vêtements, simples mais justes, sont l'uniforme préféré des femmes modernes, dont Jackie Kennedy, en novembre 1963, dans son tailleur rose taché de sang, sera le symbole fracassé. Copié, plagié, le «style Chanel» est plus qu'une mode, un phénomène. Mais 1968 l'attend au tournant de la révolution. Chanel, pour qui «les modes sont bonnes quand elles descendent» mais pas quand elles viennent de la rue, se défend et tente de rester hors d'atteinte, sûre de ses propos : elle seule donne les mots d'ordre.

Plus maigre et mordante que jamais, plus injuste aussi, despote isolée entre ses paravents de coromandel et ses lustres aux éclats froids du cristal, elle se réfugie dans les rites des essayages et de ses exigences, entourée de ses courtisans et mannequins. Sans amour. Cherchant dans les miroirs de l'escalier de sa maison de couture, où elle se cache les jours de défilé, à saisir les reflets de sa gloire qui jamais n'est parvenue à effacer les blessures de son désespoir intime. «Les vraies réussites sont fatales», disait celle qui est retournée vivre dans son appartement du Ritz. Et qui travaillera jusqu'au dernier soir de sa vie, le 10 janvier 1971.

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